L’arrivée dans une nouvelle entreprise est une période d’apprentissage et d’adaptation. Parmi les nombreuses informations à assimiler, la compréhension des substances dangereuses constitue un pilier fondamental de la sécurité et du bien-être de chaque employé. Loin d’être un sujet réservé aux seuls chimistes ou spécialistes, cette connaissance est l’affaire de tous. Aborder cet univers peut sembler intimidant, un peu comme apprendre une nouvelle langue ou naviguer dans une ville inconnue sans carte. Cet article a pour vocation de fournir cette carte, un guide simple et factuel pour que chaque nouvel arrivant puisse identifier les risques, se protéger efficacement et réagir de manière appropriée, assurant ainsi sa propre sécurité et celle de ses collègues. Il s’agit de transformer l’appréhension en vigilance et la méconnaissance en compétence.
Avant de pouvoir se protéger d’un risque, il est indispensable de le comprendre. Le terme “substance dangereuse” recouvre une réalité bien plus vaste que les liquides bouillonnants que l’on voit dans les films. Il s’agit d’un domaine où la clarté des définitions est le premier rempart contre les accidents.
Définir le “Danger” en Milieu Professionnel
En milieu professionnel, une substance est qualifiée de “dangereuse” lorsqu’elle possède des propriétés intrinsèques pouvant avoir un effet néfaste sur la santé humaine, l’environnement ou les biens matériels. Ce danger n’est pas toujours immédiat ou spectaculaire. Il peut être insidieux, comme un gaz inodore qui provoque des problèmes respiratoires à long terme, ou une poudre fine qui, par contact répété, cause des irritations cutanées chroniques. Le danger peut être de nature physique (inflammable, explosif), sanitaire (toxique, cancérigène) ou environnementale (nocif pour la vie aquatique). La première étape de la sécurité consiste donc à reconnaître qu’un produit, même d’apparence inoffensive, peut receler un danger latent.
Les Différentes Formes de Substances
Les substances dangereuses se présentent sous de multiples formes, et chacune possède ses propres voies de pénétration dans l’organisme et ses propres risques. On les trouve principalement sous trois états :
- Solide : Cela inclut les poudres, les granulés, les poussières ou les fibres. Une poussière de bois ou de silice, par exemple, peut être inhalée et causer de graves dommages pulmonaires sur le long terme. Les métaux sous forme de fumées de soudage sont également une source de risque.
- Liquide : C’est la forme la plus courante. Les solvants, les acides, les bases, les huiles et les peintures en sont des exemples. Ils peuvent provoquer des brûlures par contact, s’évaporer pour former des vapeurs toxiques ou être absorbés par la peau.
- Gazeux : Les gaz et les vapeurs sont particulièrement dangereux car ils se dispersent rapidement dans l’air et peuvent être inhalés sans même que l’on s’en rende compte. Le monoxyde de carbone, le chlore ou les vapeurs de solvants entrent dans cette catégorie.
Comprendre la forme d’une substance est essentiel pour anticiper son comportement et choisir les mesures de protection adéquates.
Le Concept d’Exposition
Une substance, aussi dangereuse soit-elle, ne présente un risque réel que s’il y a une exposition. L’exposition est le contact entre la substance et l’organisme. Le corps humain est un peu comme une forteresse avec plusieurs portes d’entrée. Pour les substances chimiques, ces portes sont principalement au nombre de trois :
- L’inhalation (voie respiratoire) : C’est la voie d’exposition la plus fréquente et la plus rapide en milieu industriel. Les gaz, vapeurs, poussières et fumées pénètrent directement dans les poumons et peuvent passer rapidement dans la circulation sanguine.
- Le contact cutané (voie cutanée) : La peau, bien qu’étant une barrière, n’est pas impénétrable. De nombreux produits chimiques peuvent l’irriter, la brûler ou même la traverser pour atteindre les organes internes.
- L’ingestion (voie digestive) : Bien que moins fréquente, l’ingestion accidentelle est possible, notamment par le biais de mains souillées portées à la bouche, ou en mangeant, buvant ou fumant dans une zone de travail contaminée.
La maîtrise des risques passe donc par la réduction, voire l’élimination totale, de l’exposition.
Identifier les Risques : Le Langage Universel de la Sécurité
Pour permettre à quiconque, n’importe où dans le monde, de comprendre rapidement la nature d’un danger, un système de communication visuelle a été mis en place. Ce langage universel est la première source d’information pour l’employé.
Le Système Général Harmonisé (SGH) : L’Alphabet de la Sécurité
Le Système Général Harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques, ou SGH, est un ensemble de recommandations internationales. Son but est de standardiser la manière dont les dangers des produits chimiques sont communiqués sur les étiquettes et les fiches de données de sécurité. Pour le nouvel employé, le SGH est l’alphabet qui lui permet de lire et de comprendre les risques auxquels il pourrait être confronté. Il fournit une approche cohérente et claire, remplaçant les anciens systèmes qui pouvaient varier d’un pays à l’autre et prêter à confusion.
Décoder les Pictogrammes de Danger
Le cœur du SGH est un ensemble de pictogrammes facilement reconnaissables. Ces symboles, inscrits dans un losange rouge sur fond blanc, sont des alertes visuelles immédiates. Il est essentiel pour tout employé de connaître la signification des principaux pictogrammes :
- Flamme : Indique un produit inflammable, auto-réactif ou qui peut s’enflammer au contact de l’air ou de l’eau.
- Tête de mort sur deux tibias : Signale une toxicité aiguë. Le produit peut causer la mort ou des effets très graves rapidement en cas d’exposition, même à faible dose.
- Point d’exclamation : Avertit de dangers moins sévères mais néanmoins significatifs, comme une irritation cutanée ou oculaire, une toxicité aiguë de faible niveau ou des effets narcotiques.
- Danger pour la santé (silhouette humaine) : C’est un pictogramme particulièrement important car il signale des effets à long terme. Il indique que le produit est cancérigène, mutagène, toxique pour la reproduction ou qu’il peut endommager certains organes après des expositions répétées.
- Corrosion (main et surface rongées par un liquide) : Indique que le produit peut causer des brûlures graves de la peau et des lésions oculaires, ou qu’il est corrosif pour les métaux.
La reconnaissance instantanée de ces symboles est une compétence non négociable pour quiconque manipule ou travaille à proximité de produits chimiques.
Lire et Comprendre l’Étiquette d’un Produit
Au-delà des pictogrammes, l’étiquette d’un produit chimique contient d’autres informations vitales. Elle agit comme une notice d’avertissement condensée. Un employé doit savoir y repérer :
- Le nom du produit et l’identification du fournisseur.
- Les pictogrammes de danger, comme vu précédemment.
- La mention d’avertissement : Il n’y en a que deux. “Danger” est utilisé pour les risques les plus élevés, tandis que “Attention” est utilisé pour les risques moins importants.
- Les mentions de danger : Ce sont des phrases standardisées qui décrivent la nature du danger (par exemple, “Provoque de graves brûlures de la peau et de graves lésions des yeux”).
- Les conseils de prudence : Ce sont des instructions sur la manière de manipuler, stocker et éliminer le produit en toute sécurité, ainsi que sur les mesures à prendre en cas d’exposition accidentelle (par exemple, “Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage”).
Prendre le temps de lire attentivement l’étiquette avant toute première utilisation est un réflexe fondamental.
La Fiche de Données de Sécurité (FDS) : La Carte d’Identité d’un Produit Chimique

Si l’étiquette est un résumé, la Fiche de Données de Sécurité (FDS) est le document de référence complet. C’est la biographie détaillée de chaque substance dangereuse, et savoir la consulter est une compétence clé.
Qu’est-ce qu’une FDS et Pourquoi est-elle Cruciale ?
La FDS est un document technique, fourni par le fabricant ou le fournisseur du produit chimique.
Elle contient toutes les informations relatives à la sécurité, à la santé et à l’environnement pour une substance donnée. Elle est bien plus détaillée que l’étiquette et constitue la source d’information la plus fiable pour comprendre en profondeur les risques et les mesures de précaution à prendre. L’employeur a l’obligation légale de la rendre accessible à tous les employés susceptibles d’être exposés au produit. Pour l’employé, la FDS est son meilleur allié : c’est le manuel d’instructions qui lui dit non seulement ce qu’est le produit, mais aussi comment vivre et travailler avec lui en toute sécurité.
Comment Accéder à une FDS ?
Chaque entreprise doit avoir un système en place pour que les FDS soient facilement et rapidement accessibles. Cela peut prendre la forme d’un classeur centralisé dans l’atelier, d’une base de données informatique accessible depuis les postes de travail, ou d’un service en ligne. Un nouvel employé doit, dès ses premiers jours, se renseigner sur la procédure à suivre pour consulter une FDS. Il ne faut jamais hésiter à demander de l’aide ou à prendre le temps nécessaire pour la trouver et la lire. L’accessibilité de cette information est un droit et un outil de travail essentiel.
Naviguer dans les 16 Sections de la FDS
Une FDS est un document standardisé de 16 sections. Il n’est pas nécessaire de tout mémoriser, mais il est crucial de savoir où trouver les informations les plus importantes. Pour un utilisateur quotidien, les sections suivantes sont particulièrement pertinentes :
- Section 1 : Identification. Elle permet de s’assurer que l’on consulte la bonne fiche pour le bon produit.
- Section 2 : Identification des dangers. C’est un résumé des risques, reprenant les pictogrammes, la mention d’avertissement et les mentions de danger de l’étiquette, mais souvent de manière plus détaillée.
- Section 4 : Premiers secours. Cette section est vitale en cas d’urgence. Elle décrit les gestes à poser immédiatement en cas d’inhalation, de contact avec la peau ou les yeux, ou d’ingestion.
- Section 7 : Manutention et stockage. Elle donne des consignes pratiques sur la manière de manipuler le produit en toute sécurité (par exemple, “utiliser dans une zone bien ventilée”) et de le stocker correctement (par exemple, “à l’écart des sources de chaleur”).
- Section 8 : Contrôles de l’exposition/protection individuelle. C’est l’une des sections les plus importantes pour l’employé. Elle spécifie les équipements de protection individuelle (EPI) requis, comme le type de gants, de lunettes ou de protection respiratoire à utiliser.
Consulter ces sections avant de manipuler un nouveau produit devrait devenir un automatisme.
Mesures de Protection : Construire une Forteresse Contre le Danger
| Mesures de Protection | Construire une Forteresse Contre le Danger |
|---|---|
| Évaluation des risques | Effectuer une évaluation approfondie des risques potentiels |
| Formation du personnel | Former le personnel aux procédures de sécurité et aux mesures d’urgence |
| Équipement de sécurité | Investir dans des équipements de sécurité adéquats |
| Surveillance continue | Mettre en place un système de surveillance continue des dangers potentiels |
Identifier les risques est la première étape. Mettre en place des barrières de protection est la seconde. La sécurité ne repose pas sur une seule mesure, mais sur une accumulation de défenses, comme les murs successifs d’une forteresse.
La Hiérarchie des Contrôles : Une Approche Stratégique
En santé et sécurité au travail, on ne choisit pas les mesures de protection au hasard. On suit un principe appelé “hiérarchie des contrôles”, qui privilégie les solutions les plus efficaces et les plus fiables. Cette hiérarchie, du plus au moins efficace, est la suivante :
- Élimination : La solution la plus radicale et la meilleure. Il s’agit de supprimer complètement la substance dangereuse du processus de travail.
- Substitution : Si l’élimination est impossible, on cherche à remplacer la substance dangereuse par une autre, moins dangereuse, qui remplit la même fonction.
- Contrôles techniques (protection collective) : Il s’agit de modifier l’environnement de travail pour isoler les travailleurs du danger. L’installation d’un système de ventilation pour capter les vapeurs à la source ou l’encoffrement d’une machine bruyante en sont des exemples.
- Contrôles administratifs : Ce sont des changements dans les méthodes de travail. La rotation des postes pour limiter la durée d’exposition, l’amélioration de la signalisation ou la formation des employés entrent dans cette catégorie.
- Équipements de Protection Individuelle (EPI) : C’est la dernière ligne de défense.
Cette approche montre que la protection ne doit pas reposer uniquement sur l’employé, mais sur une organisation globale du travail pensée pour la sécurité.
Les Équipements de Protection Individuelle (EPI) : La Dernière Ligne de Défense
Les EPI sont des équipements que l’employé porte pour se protéger. Ils incluent les gants, les lunettes de sécurité, les masques respiratoires, les casques, les chaussures de sécurité, etc. Il est crucial de comprendre que les EPI sont la dernière barrière. Ils sont comme une ceinture de sécurité en voiture : ils ne préviennent pas l’accident, mais ils protègent l’individu si toutes les autres mesures ont échoué.
L’utilisation correcte des EPI est essentielle. Un employé doit être formé sur le choix de l’EPI adapté au risque (tous les gants ne protègent pas contre tous les produits), sur la manière de le porter correctement, de l’entretenir et de savoir quand le remplacer. Porter un EPI est une responsabilité personnelle qui protège l’atout le plus précieux de l’entreprise : la santé de ses collaborateurs.
Bonnes Pratiques de Travail : Les Réflexes de Sécurité au Quotidien
Au-delà des grands systèmes, la sécurité se construit aussi sur une multitude de petits gestes quotidiens. Ces bonnes pratiques, une fois intégrées, deviennent des réflexes qui réduisent considérablement les risques. Il s’agit notamment de :
- Se laver systématiquement les mains après avoir manipulé des produits chimiques et avant de manger ou de boire.
- Ne jamais manger, boire, fumer ou se maquiller dans les zones de travail où des substances dangereuses sont présentes.
- Maintenir son poste de travail propre et ordonné pour éviter les déversements accidentels.
- Refermer correctement les contenants après usage pour éviter l’évaporation ou les fuites.
- Stocker les produits chimiques aux endroits désignés, en respectant les incompatibilités (par exemple, ne pas stocker des acides avec des bases).
Ces habitudes sont le ciment qui solidifie la culture de sécurité de l’entreprise.
Que Faire en Cas d’Urgence ? Réagir Vite et Bien
Malgré toutes les précautions, l’incident ou l’accident peut survenir. Savoir comment réagir dans les premières secondes est souvent déterminant. La panique est le pire ennemi ; la connaissance des procédures est le meilleur allié.
Chaque employé doit connaître l’emplacement et le fonctionnement des équipements d’urgence, tels que les douches de sécurité et les rince-œil.
- En cas de projection dans les yeux : Se rendre immédiatement au rince-œil le plus proche et rincer l’œil abondamment pendant au moins 15 minutes, en maintenant la paupière bien ouverte.
- En cas de contact avec la peau : Retirer immédiatement les vêtements contaminés et rincer la zone touchée sous une douche de sécurité ou à grande eau pendant au moins 15 minutes.
- En cas d’inhalation : Quitter immédiatement la zone contaminée pour respirer de l’air frais.
Dans tous les cas, il est impératif d’alerter un superviseur ou les secouristes du travail et de consulter la section 4 (Premiers secours) de la FDS pour des instructions spécifiques.
Déversements et Fuites : Maîtriser l’Incident
Un déversement, même petit, doit être traité avec sérieux. La première règle est de ne pas se mettre en danger. L’employé doit évaluer la situation : s’il s’agit d’un petit déversement qu’il est formé et équipé pour nettoyer, il peut le faire en utilisant la trousse de déversement appropriée. Si le déversement est important, si le produit est très dangereux ou s’il y a un doute, la procédure est claire : alerter, évacuer la zone et laisser les équipes d’intervention spécialisées prendre le relais. Tenter de jouer les héros sans la formation et l’équipement adéquats ne fait qu’aggraver la situation.
Le Rôle de l’Employé dans le Signalement
Chaque incident, chaque quasi-accident, chaque exposition, même mineure et sans conséquence apparente, doit être signalé à un superviseur. Cette culture du signalement est fondamentale. Il ne s’agit pas de chercher un coupable, mais de comprendre ce qui s’est passé pour éviter que cela ne se reproduise à une plus grande échelle. Un petit déversement aujourd’hui pourrait être une fuite majeure demain. Un léger étourdissement dû à des vapeurs signale peut-être une ventilation défaillante. Le signalement est l’un des outils les plus puissants pour l’amélioration continue de la sécurité. C’est un acte de responsabilité envers soi-même et envers toute la communauté de travail.
En conclusion, la familiarisation avec les substances dangereuses est une étape essentielle de l’intégration de tout nouvel employé. Elle repose sur quatre piliers : identifier le danger grâce aux étiquettes et pictogrammes, comprendre le risque en profondeur via la FDS, se protéger activement en appliquant la hiérarchie des contrôles et les bonnes pratiques, et savoir réagir en cas d’urgence. Cette connaissance n’est pas un fardeau, mais un pouvoir : le pouvoir de contrôler son environnement de travail, de protéger sa santé et de contribuer à un lieu de travail sûr pour tous. La sécurité est une responsabilité partagée, et chaque employé, armé des bonnes informations, en est un maillon essentiel.
Voici un site web sur les Substances dangereuses que vous devriez consulter.
FAQs

Qu’est-ce qu’une substance dangereuse?
Une substance dangereuse est toute substance qui présente un risque pour la santé humaine, l’environnement ou la sécurité lorsqu’elle est utilisée, manipulée ou stockée de manière inappropriée.
Quels sont les types de substances dangereuses?
Les substances dangereuses peuvent être des produits chimiques, des agents biologiques, des matériaux radioactifs, des gaz sous pression, des liquides inflammables, des matières toxiques, etc.
Quels sont les risques associés aux substances dangereuses?
Les risques associés aux substances dangereuses comprennent les risques d’incendie, d’explosion, d’intoxication, de brûlures, de contamination, de dommages à l’environnement, etc.
Comment les employés peuvent-ils se protéger contre les substances dangereuses?
Les employés doivent suivre des formations sur la manipulation sécuritaire des substances dangereuses, porter l’équipement de protection approprié, suivre les procédures de sécurité et signaler tout incident ou accident impliquant des substances dangereuses.
Quelles sont les réglementations en vigueur concernant les substances dangereuses?
Les réglementations varient selon les pays, mais en général, il existe des lois et des normes qui régissent le stockage, la manipulation, le transport et l’élimination des substances dangereuses pour assurer la sécurité des travailleurs et de l’environnement.


